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10.02.2017 - La douleur antérieure du genou, les raisons et solutions


La douleur antérieure du genou, les raisons et solutions

L’une des problématiques les plus fréquemment retrouvées chez le coureur est la douleur antérieure du genou. D’où vient-elle? Comment la gérer au mieux? Dans les quelques paragraphes qui suivent, vous trouverez des explications sur comment gérer cette situation et quelles sont les éventuelles options thérapeutiques. 

Auteur: Dr. Vincent Burki* 

Der vordere Knieschmerz: Ursachen und Lösungen

Le genou, une des articulations majeure du membre inférieur, est souvent sujet aux douleurs, en particulier chez les personnes pratiquant la course à pied. Ces douleurs peuvent être uniquement occasionnelles mais il arrive qu’elles s’installent parfois de manière plus durable et deviennent un frein à la bonne pratique du sport et à la réalisation de ses objectifs. 
Dans le texte qui suit, nous aborderons une problématique spécifique et fréquente, en particulier pour le coureur, bien que retrouvée dans de nombreux autres sports; la douleur antérieure du genou. 

La situation anatomique et la problématique du syndrome fémoro-patellaire 

Le syndrome fémoro-patellaire, terme médical fréquemment utilisé pour les douleurs antérieures du genou, implique deux structures anatomiques osseuses du genou: le fémur et la patella (ou rotule). Celles-ci fonctionnent par glissement de la patella dans une «gouttière» (la trochlée) au sein du fémur, lors des mouvements de flexion et d’extension du genou. Un manque de stabilité (souvent micro-instabilité non percevable) de cette articulation et un excès de pression entre ces deux structures peuvent déclencher les douleurs. Des anomalies morphologiques ou des troubles de l’axe biomécanique du membre inférieur, le poids, le déséquilibre de la force musculaire des cuisses et des fessiers, la cadence et le type de course, le chaussage, l’attaque du pied au sol, une surcharge d’entrainement ou une modification du type d’entrainement représentent des causes qui peuvent jouer un rôle initiateur de la problématique. 

Ce syndrome est l’une des atteintes les plus fréquentes chez les coureurs; jusqu’à 25% d’entre eux la connaitront un jour, en particulier ceux de longues distances, mais aussi les débutants ou lors de reprise de la course à pied après une pause. De plus, il se retrouve plus fréquemment chez les adolescents ou les adultes jeunes, avec une prédominance féminine. Il faut bien se rendre compte que la charge appliquée sur cette articulation est de 0.5 fois le poids du corps à la marche, mais peut aller jusqu’à 3 fois lors de la montée des escaliers voire jusqu’à plus de 7 à10 fois le poids du corps selon les activités physiques, en particulier la course à pied en descente.

La présentation des douleurs et les investigations 

Les douleurs se situent le plus fréquemment dans la région antérieure du genou, mais peuvent en réalité être diffuses et vagues autour ou «derrière» la rotule, touchant à la fois le côté médial ou latéral voire sur ou sous rotulienne. Le début est souvent insidieux lors de l’activité physique et la douleur est augmentée par la course elle-même ou les escaliers par exemple, particulièrement en descente et s’estompe par la suite. Au repos, la position assise prolongée avec les genoux très fléchis peut aussi être douloureuse, souvent appelé «signe du cinéma». Dans d’autres situations, les douleurs peuvent être plutôt secondaires, après un accident, une chirurgie (plastie du ligament croisé antérieur comme exemple typique) ou une autre blessure du genou ou du membre inférieur. 

Souvent, l’articulation du genou elle-même ne présente pas d’anomalie notable (sauf dans les cas d’arthrose avancée) et bouge normalement en flexion et extension, bien qu’elle soit parfois douloureuse. Le reste de l’examen clinique peut révéler des anomalies de mobilité de hanche, des membres inférieurs globalement ou des pieds, et des troubles musculaires, par exemple déficit de force, déséquilibre musculaire ou manque de souplesse. 

Bien que moins fréquentes, de nombreuses autres problématiques autour du genou peuvent être en cause et doivent être exclues avant de pouvoir parler de syndrome fémoro-patellaire. Votre médecin doit pouvoir faire la différence et vous orienter vers la bonne prise en charge. 

Le bilan radiologique est fréquemment pauvre et n’apporte souvent pas de réponse précise quant à l’origine des douleurs. De manière générale, si un examen complémentaire est effectué, il s’agit d’une radiographie standard, surtout pour écarter des anomalies constitutionnelles du fémur ou de la rotule, et parfois une IRM (imagerie par résonance magnétique) peut se justifier. 

Les possibilités de traitement du syndrome fémoro-patellaire 

Dans un premier temps, le but est de diminuer la douleur puis de permettre un travail spécifique sur les différents facteurs morphologiques ou musculaires potentiellement impliqués. Une période de repos, ou repos sportif relatif, est souvent nécessaire pour diminuer les contraintes mécaniques localement, et la pratique de la course (parfois moins intensive) peut être maintenue si indolore. D’autres activités sportives (natation, vélo,…) peuvent aussi être réalisées temporairement avant une reprise de la course, afin de maintenir un bon état cardio-vasculaire. 

La pierre angulaire du traitement, outre l’adaptation de l’entrainement et des contraintes, est une physiothérapie ciblée et un programme d’exercices réguliers sur plus de 2 à 3 mois, avec réentrainement musculaire global du tronc, des muscles fessiers et stabilisateurs de la hanche, des quadriceps et des ischio-jambiers, mais aussi une meilleure fonction dynamique du membre inférieur. Les médicaments, souvent antidouleur ou anti-inflammatoires, ne sont en général que d’une aide modeste; le soutien type «tape», adapté à chacun pourra parfois aider à diminuer les charges sur la rotule. La chirurgie reste exceptionnelle, seulement utile en cas d’atteinte anatomique structurelle sous-jacente. 

Au final, le «stress mécanique» induit par la course à pied sur les membres inférieurs, et le genou en particulier, ne doit pas être oublié et une planification adéquate des entrainements est indispensable. Il ne faut absolument pas négliger l’impact important que peuvent avoir une mauvaise planification de l’entrainement, une reprise trop rapide après une pause due à une blessure ou du repos, un type d’entrainement non adapté, ou une augmentation trop rapide de la charge. De manière générale, plus de 80% des coureurs pourront reprendre sans problème leur activité, mais la durée des douleurs peut considérablement varier en fonction des personnes et des spécificités de chacun.


Vincent Burki*Dr. Vincent Burki

Dr Vincent Burki est médecin spécialiste en Médecine du Sport, Rééducateur et Rhumatologue, au sein du centre de Médecine du Sport et de l’Exercice, Hirslanden La Colline.

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